Château Garreau

Partons ensemble à la rencontre d’une des plus attachantes propriétés viticoles familiales productrices d’Armagnac

 

Le Château Garreau est une propriété des Landes, productrice d’Armagnac et de Floc de Gascogne. La propriété s’étend sur 85 hectares dont 27 hectares sont plantés en vigne sur le terroir des sables fauves, terroir le plus réputé de l’Armagnac. Le reste du domaine est occupé par des forêts et des étangs. Chaque année le Château Garreau distille environ 150 hectolitres d’alcool pur (soit 300 hectolitres d’Armagnac) et produit environ 30.000 bouteilles de Floc de Gascogne (rouge et blanc). La production d’Armagnac se divise en quatre principales cuvées : VSOP, XO, Cuvée du Siècle Extra, Cuvée Royale ainsi que des millésimes. Le domaine a également une production de Blanche d’Armagnac.

 

Le domaine s’est construit en plusieurs étapes mais dès le 17e siècle il y avait une production d’Armagnac combinée à une agriculture polyculturelle. La propriété s’est spécialisée dans la production d’Armagnac seulement au 19e quand elle fut achetée par un Prince Russe. Pour la petite anecdote il est arrivé ici car il épousa une demoiselle d’une famille de Labastide-d’Armagnac, village situé à moins de 5 minutes d’ici. Ils s’étaient rencontrés à Paris dans les salons mondains de l’époque. Après un travail de recherche on a retrouvé qu’il était affilié à la famille Royale Russe de l’époque. C’est lui qui lança la construction duchai sousterrain, unique en Armagnac.

C’est en 1919 que le Château Garreau fut acheté par la famille Garreau.

 

Aujourd’hui la famille Garreau gère la propriété de main de maitre. Monsieur Caillaud s’occupant principalement de la distillation et Madame (Carole Garreau) de la commercialistation ainsi que de la promotion. Ils sont assistés au quotidien par le maitre de chai, Monsieur Demoura. Partons ensemble à leur rencontre

 

Pourquoi faire du vin ?

« Nous sommes spécialisés dans la production d’Armagnac et de Floc de Gascogne. On ne produit pas de vins à proprement parler sur le domaine, notre chai n’est pas conçu pour cela.

Produire de l’Armagnac c’est aussi une question de tradition. Cela fait plus de 300 ans que le domaine en produit et 100 ans que ma famille en distille. Nous connaissons bien l’univers des spiritueux et qui à notre sens a de l’avenir. Nous préférons rester  dans un domaine que l’on estime bien maitriser plutôt que de se lancer dans un domaine que l’on ne connait pas trop bien et pour lequel nous n’avons pas les bons équipements. 

 

La propriété a longtemps été gérée par mon père, Pierre, et mes deux oncles mais en 2006 j’ai fais le choix, avec mon mari de revenir sur mes terres pour reprendre le domaine familial.

Au départ, je n’avais pas prévu de reprendre le domaine. J’ai d’abord étudiér à Sciences Po Bordeaux puis à l’Institut National des Études Territoriales. Ceci m’a conduit a commencé ma carrière active comme cadre supérieure dans des collectivités territoriales.

C’est donc en 2006 que la question de la reprise du domaine s’est posée, mon oncle souhaitait prendre sa retraite, et mon père m’a demandé si cela m’intéressait. L’appel du domaine a été plus fort, nous n’avions pas envie de vendre mais de continuer l’aventure. Avec mon mari, nous avons donc commencé à s’en occuper en plus de notre métier, surtout pour aider mon père. Cela a été difficile au début de jongler entre les activités. Je me souviens que pendant nos vacances on allait en Chine ou dans d’autres pays pour prospecter les marchés. Aujourd’hui cela va faire 5ans que nous sommes installés ici, et à plein temps ! »

 

D’où vient le nom de la propriété ?

« C’est le nom de la famille. Avant le domaine s’appelait « Domaine de Gayrosse », comme le lieu-dit sur lequel nous sommes. On ne connaît pas l’origine de ce nom, ni sa signification. C’est dans les années 1970, que mon oncle a obtenu l’autorisation pour le changement de nom de la propriété en Château Garreau.»

 

Quel type de terroir avez-vous ?

« Nous sommes au cœur du terroir des sables fauves, sablo-limoneux avec également des oxydes de fer. On retrouve notamment ces belles couleurs ocres sur nos parcelles ! L’oxyde de fer apporte une saveur toute particulière à nos Armagnacs. On considère qu’il s’agitdu terroir des grands crus, à condition de savoir les travailler bien entendu !

Au niveau terroir on est particulièrement favorisé, chanceux au Château Garreau. Tout est assez homogène même si on a quelques variations sur des parcelles. Toutefois ces dernières sont plus destinées à la production de nos Floc de Gascogne.

Une autre de nos particularités c’est que le vignoble est principalement planté avec du Baco. C’est un cépage qui s’exprime pleinement sur nos terroirs ! »

 

Quelle est la signature de votre production ? qu’est ce qui permet de les reconnaitre en dégustation à l’aveugle ?

« Nous avons plusieurs clients qui nous disent reconnaitre notre maison car elle a une signature. Je pense qu’aromatiquement c’est lié au Baco (70-80% dans nos Armagnacs) avec un petit peu de Folle-blanche et d’Ugni Blanc pour accroitre la complexité. Nos Armagnacs offrent un coté fruits mûrs et fruits confits qui se marient bien, un coté onctueux (texture) ainsi qu’un joli « gras ». Nos Armagnacs ne sont pas secs en bouche.

 

Nous distillons entre 55 et 60 degrés, cela dépend des années. Il n’y a pas de règles strictes, on adapte la distillation aux caractéristiques du vin de distillation afin d’obtenir la meilleure qualité possible. Parfois c’est 55/56 degrés, et d’autres années c’est plus élevé car le millésime s’y prête. Notre objectif c’est d’avoir une qualité constante, de toujours aller chercher le meilleur de nos raisins. Nous possédons notre propre alambic en cuivre qui date de 1919. Mon oncle l’a perfectionné en rajoutant quelques tuyaux au niveau des sorties de têtes et des queues. Ca nous permet d’avoir une plus grande finesse de réglages. C’est un alambic à gaz.

 

Nous sommes officiellement à l’origine des premiers Flocs de Gascogne. Mon oncle a produit les premiers hectolitres en 1974. Nous produisons un Floc blanc peu sucré. Nous assemblons 3 cépages et certaines années 4 : l’Ugni blanc, le Colombard, le Gros Manseng et le Sauvignon Blanc. La petite proportion de Gros Manseng va nous apporter un peu de sucrosité mais de manière limitée car on ne veut pas s’approcher trop des vins liquoreux ou moelleux. Nous voulons que notre Floc blanc soit fruité mais moins sucré que la moyenne des Floc blancs.

Concernant notre production de Floc rouge nous utilisons nos cépages traditionnels rouges (Merlot, Cabernet Franc). Au niveau de la dégustation les notes de cassis et de la framboise dominent. »

 

Avez-vous des projets pour le Château Garreau ?

« Oui on en a plein. Tout est une question de timing et de finance. Au niveau de la gestion de notre vignoble nous sommes labellisés en HVE (Haute Valeur Environnementale). Le respect de notre écosystème, de notre terroir et de ceux qui y travaillent sont des valeurs que l’on veut continuer à faire grandir et à soutenir. Nous essayons quotidiennement d’améliorer nos équipements, que ce soit le travail du sol ou de la vigne. Au niveau du chai de vinification nous souhaiterions, dans un avenir proche en construire un nouveau, plus moderne et avec plus de place pour travailler.

 

Sur place, nous accueillons aussil’l’Ecomusée de l’Armagnac mais nous souhaiterions aller plus loin dans notre offre touristique. C’est pour cela qu’en cette fin d’année nous allons inaugurer un Escape Game sur le domaine…et bien entendu autour du monde de l’Armagnac !    

 

Au niveau des produits, nous avons une gamme permanente mais on essaie tous les ans de sortir une cuvée spéciale qui sera vendue seulement une année. On la veut vraiment spéciale, cette année nous l’avons appelé « 100 prohibition », c’est un clin d’œil à l’anniversaire des cent ans de la prohibition. Elle offre à la dégustation des notes boisées, fumées et légèrement tourbées. Elle est issue d’un assemblage d’eau-de-vie qui ont entre 7-12 ans. L’idée derrière est de ramener les amateurs de Whisky vers l’Armagnac notamment pour l’apéritif…l’Armagnac souffre, à tort, d’une image qui lui colle à la peau de digestif mais il y a pourtant tellement d’autres instants de dégustation possibles. En 2021 nous allons certainement faire une cuvée « Brut de Fût », parcellaire et 100% folle blanche. Ce n’est pas trop dans l’habitude de la maison de sortir un Armagnac mono cépage mais ca dépend de nos idées, de nos dégustations des barriques. »

 

Remerciements à la famille Garreau pour l’accueil

Share the knowledge

Publications similaires