Connaissez-vous cette propriété nichée à Saint-Emilion ? Le Château Boutisse est une propriété familiale qui s’étend sur 27 hectares, dont 24,7 sont plantés en vignes. Le reste étant occupé par des bâtiments, des haies, des talus, etc. Aujourd’hui et depuis 1996, le domaine est la propriété de la famille Milhade. Elle y produit deux qualités de vin. Soixante-dix pour cent de la production est constituée du premier vin, Château Boutisse, et vingt pour cent du second vin, Baron de Boutisse.
Partons ensemble à la rencontre de Marc Milhade, enthousiaste et passionnant propriétaire du Château Boutisse pour nous faire découvrir cette pépite.
Et surtout, pourquoi faites-vous du vin votre métier ?
Marc Milhade: Avais-je vraiment le choix ? Je suis tombé dedans quand j’étais petit, issu d’une famille de vignerons ! La question ne s’est donc pas vraiment posée… Avant d’entrer dans le vignoble familial, j’ai travaillé dans un autre secteur d’activité. En effet, au départ, j’étais ingénieur automobile : j’ai donc commencé à travailler chez Peugeot. Plus jeune, j’étais très attiré, comme mon fils aujourd’hui, par le côté scientifique, technique, pratique, par la mécanique, l’électronique, l’électricité… bref, j’aimais mettre les mains dans le cambouis ! J’ai travaillé dans ce secteur pendant un an et demi… Mais finalement, je me suis rendu compte que presque tous mes stages d’ingénieur étaient liés au vin !
au vin ! J’étais dans une tonnellerie en Espagne. Je faisais des présentations de dossiers, des études scientifiques toujours en rapport avec le vin. Naturellement, après cette expérience chez Peugeot (constructeur automobile français) à Paris, j’ai vite compris qu’il fallait que je rentre chez moi. Parce que c’était mon plaisir, ce côté familial, la nature…
Et puis quand on est dans le vin, on y prend goût. J’avais participé, comme tous les enfants de vignerons, aux vendanges. J’ai beaucoup de souvenirs, des odeurs, des goûts, des moments, des récoltes… C’est dans mes gènes !
Pouvez-vous nous décrire votre passion pour le vin ?
M.M.: Ce que j’aime dans le vin, c’est que c’est un produit universel. En effet, on peut le partager : c’est la convivialité. Sans oublier qu’il est pointu, il est précis, il est technique. Le vin touche tout le monde, tout le monde s’y intéresse. C’est un métier qui attire. Par exemple, quand vous allez à une soirée avec des gens que vous ne connaissez pas, tout le monde s’intéresse à ce que vous faites ! C’est pour cela que c’est universel : tout le monde a eu une histoire avec le vin. C’est le partage, la convivialité, la gastronomie, les bons moments, les souvenirs de famille…
Quels sont les atouts des terroirs du Château Boutisse?
M.M.: La force des terroirs du Château Boutisse est sa diversité même si paradoxalement on a souvent tendance à parler d’homogénéité. Nous sommes situés sur le plateau de Saint Emilion, dans sa continuité mais aussi avec des zones vallonnées. Nous sommes à la limite de la rupture à l’extrémité du plateau donc nous avons des zones intermédiaires, inférieures… Des sols limoneux, argileux, des sols calcaires avec des profondeurs différentes. Cette diversité de sols permet de jouer sur les assemblages. En général, dès les vendanges, nous avons déjà une idée des parcelles qui entreront dans la composition du premier ou du deuxième vin. Mais nous avons aussi des parcelles intermédiaires qui changent d’une année sur l’autre.
Quelle est la signature ? Les yeux bandés, qu’est-ce qui fait la différence du Château Boutisse ?
M.M.: Ce n’est pas une question facile… il faut de l’humilité dans ce genre d’exercice. Je n’ai pas la prétention de dire que l’on peut reconnaître, qualitativement, le Château Boutisse à l’aveugle car tous les voisins ont aussi un haut niveau de qualité. En revanche, je m’attache à faire des vins qui respectent la matière première. Je me suis fait les dents de 2005 à 2010/2012 et j’ai pris des habitudes comme mettre du bois, des barriques, avoir de la concentration, de la matière : c’était l’époque dite de l’influence Parker. Nous avions suivi le mouvement… Mais à partir de 2010/2012, nous avons commencé à lever le pied sur les extractions / l’utilisation du bois. Et encore plus fortement à partir de 2016 quand nous avons commencé à
avec l’équipe de Derenon Court. Nous avons voulu remettre le terroir au premier plan et nous avons arrêté d’utiliser des procédés œnologiques complexes et inutiles. C’est ce qui me permet aujourd’hui de reconnaître Château Boutisse à l’aveugle : la pureté, le fruit, un boisé raisonnable avec l’utilisation de grands contenants (400/500L), de barriques de plusieurs vins…. Nous avons réduit l’approvisionnement en bois mais nous nous sommes concentrés sur l’achat de barriques de qualité.
Avez-vous des projets précis pour la propriété ?
M.M.: Le premier projet est le passage à l’agriculture biologique. Nous sommes dans la deuxième année de conversion. Ce n’est pas facile. Depuis 2012, nous avons arrêté de désherber. Nous faisons du bon travail sur le terrain. Mais il y a toute l’approche bio pour protéger le vignoble qui était plus délicat. C’est donc une partie du projet actuel. Nous aimerions le terminer avant d’attaquer les projets techniques. Nous verrons aussi ce que l’avenir nous réserve. Nous avons déjà développé une belle structure agro-écologique.
D’où vient le nom de Château Boutisse?
Je n’ai pas l’origine précise de ce mot. Mais il est lié aux pierres. Un boutisse est une pierre taillée que l’on place dans un mur selon la longueur et dont on ne voit que l’extrémité. Même si je n’ai pas d’histoire, j’aime communiquer dessus car Saint-Emilion est lié à la pierre, aux carrières de pierre locales qui alimentaient les villes de Bordeaux et de Libourne pour leurs constructions. D’ailleurs, nous avons une petite carrière sous le bâtiment principal. L’ancien propriétaire avait aussi une petite histoire, c’est donc mon interprétation du nom !
Merci à la famille Milhade pour son hospitalité amicale. – J.C.C.
Château Boutisse
Lieu dit Boutis
33330 Saint-Christophe-des-Bardes (France)
www.chateau-boutisse.fr
