Château Meyney
La renaissance d’un grand Saint-Estèphe
Le Château Meyney est l’héritier de l’un des plus anciens vignobles du Médoc. Selon les historiens ce terroir est planté en vignes depuis plus de 350 ans, et plus précisément depuis 1662, date à laquelle les Moines Feuillants déjà établis sur ce lieu plantèrent les premières vignes sur le Prieuré des Couley (ancien nom du Château Meyney).
Dès le début le souci de qualité fut l’un des leitmotivs de la propriété. Le Prieuré de Couley fut même mentionné en 1776 comme le « meilleur cru de la paroisse de Saint-Estèphe » dans le premier recensement viticole royal de la Gironde, recensement effectué à la demande de l’intendant Dupré de Saint-Maur pour le roi Louis XVI alors fraîchement couronné Roi du Royaume et des colonies de France.
En 1789, suite à la Révolution Française le Château de Meyney fut saisi comme Bien National et l’ordre des Moines Feuillants dissout. Il fut alors vendu aux enchères et acquit par Monsieur de Luetkens alors négociant bordelais et déjà propriétaire du Château La Tour Carnet. Tout comme les Moines Feuillants, Monsieur de Luetkens voyant tout le potentiel de ce terroir décida de s’engager dans une politique qualitative exigeante.
La famille Luetkens vendit le Château Meyney en 1919 à la famille Cordier qui était aussi un grand négociant bordelais. Elle était également propriétaire de crus classés du Bordelais : Château Lafaurie-Peyraguey, Château Gruaud Larose, Clos des Jacobins et Château Talbot.
En 1989 Jean Cordier, suite à une réorientation, du groupe se sépara de quelques propriétés dont le Château Meyney qui fut vendu au Crédit Agricole. Fin 2004 le domaine entra dans le patrimoine viticole de la société CA Grands Crus, filiale du Crédit Agricole. Actuellement CA Grands Cru est également propriétaire des châteaux : Grand-Puy-Ducasse (Pauillac), La Tour de Mons (Margaux), Rayne Vigneau (Sauternes), Blaignan (Médoc), Clos Saint Vincent (Saint Emilion Grand Cru), Château Saint Louis La Perdrix (Costières de Nîmes) et le Château de Santenay (Bourgogne).
D’un point de vue plus romanesque et personnel, le Château Meyney bénéficie de l’une des plus belles vues de Saint-Estèphe. Majestueusement édifié sur son tertre, ce jolie cloitre complété au 17ème siècle par la chartreuse possède une vue plongeante sur ses vignes avec en fond l’estuaire de la Garonne (façade Est). Devant la chartreuse se trouve un petit jardin ombragé par un majestueux et ancien pin qui vous donnera l’envie de poser la chaise longue, ouvrir une bouteille et passer un agréable moment en compagnie d’un livre.
En pénétrant dans la cours centrale vous serez envahis par un sentiment de plénitude et de calme. Un peu comme si vous étiez seul au monde à cents lieux de toutes âmes qui vivent, simplement entouré de vieilles pierres et de lierre grimpant. Seule chose qui vous rappellera que vous êtes en plein milieu des vignes, le portail ouest qui laisse voir à travers sa grille un paysage de vigne. Bref ! Une propriété que j’ai particulièrement appréciée.
D’où proviennent les noms de « Château Meyney » et de « Prieuré des Couley » ?
Prieuré des Couley : « Couley » signifiant « ruisseaux » le nom à été donné en référence en nombreux ruisseau qui traversaient la propriété. La « fontaine au lion » située sur la droite du château est un témoignage de l’ancienne présence de nombreuses sources.
Concernant le nom « Meyney », l’étymologie régionale nous apprend que l’origine du mot « Meyney » est un petit « mayne », en vieux gascon. Ce mot désigne une propriété agricole, et, par extension, un lieu-dit rural. Meyney est donc un petit hameau, connu à Saint-Estèphe depuis des siècles.
Rencontre autour d’un « vert de vin » avec Anne Le Naour (Directrice Technique) et Denis Rataud (Maître de Chai)
Anne Le Naour : D’origine parisienne Anne Le Naour, grâce à ses parents, a toujours eu une forte sensibilité/une forte attirance pour la gastronomie et les arts de la table. Dès sa plus jeune enfance elle s’exerçait à ressentir les différents fromages (une autre de ses passions) et vins. A la sortie de ses études d’ingénieur agronome, lorsqu’elle dut choisir une voie professionnelle Anne Le Naour hésita longtemps entre deux nobles professions : la production fromagère ou l’œnologie.
Apres un choix cornélien elle décida de s’orienter vers le domaine viticole trouvant « merveilleux de planter pour la génération future et de participer à la création d’un produit synonyme de convivialité ». Pour Anne le métier de vigneron est une profession qui doit s’exercer dans « un souci de respect de l’environnement, d’entretien des paysages régionaux. Un métier qui véhicule des valeurs culturelles, patrimoniales, sociales et historiques ».
Aujourd’hui Anne Le Naour s’occupe de toute la partie technique pour les propriétés de CA Grands Crus.
Denis Rataud : D’origine charentaise Denis Rataud arriva en Gironde en 1968 accompagnant ses parents fraîchement embauchés au Château Talbot comme ouvriers viticoles. Contrairement à Anne Le Naour il ne souhaita pas dès sa jeunesse travailler dans la vigne. Son premier désir était de devenir ébéniste/menuisier. Cependant, suite à un stage auprès d’un artisan ébéniste il changea d’avis et décida de se réorienter.
En 1974 il fut embauché au Château Talbot comme ouvrier de chais. En plus de « l’apprentissage sur le tas » il suivit des cours d’œnologie à la faculté de Bordeaux. C’est en 1989 que Denis Rataud, suite à une proposition de la famille Cordier, succéda au Maître de Chai de l’ancien Prieuré des Couley et rentra ainsi donc au Château Meyney.
Selon vous à quoi ressemble le « Meney » parfait ?
« Le millésime parfait pour le Château Meyney allierait puissance et élégance. Dans ce vin on ressentirait toujours le terroir de Meyney (notes épicée, terreuses et fraîcheur), des épices (toujours du aux terroirs et à l’encépagement atypique) et la dégustation se ferait sur une trame tannique présente mais harmonieuse. Il serait bien équilibré, pas lourd, avec une bonne acidité » (Anne Le Naour)
Qu’elle est la ligne directrice lors de la création des vins « Château Meyney » ?
« Des vins assez puissants dans leur jeunesse avec une certaine tendance à exprimer un potentiel tannique fort, comme tout grand vin de garde. Pas d’exagération à la puissance afin de privilégier une élégance du vin. Un travail de la barrique avec un pourcentage de bois neuf ‘raisonnable’. Et des arômes typiques du petit verdot assez présents (comparativement à ce qui est classique de rencontrer dans la région).» (Anne Le Naour et Denis Rataud)
Vini anecdote de la semaine : Comment se fait il qu’un cru de cette qualité n’est pas été dans la liste des « Grands Crus Classés » en 1855 ?
Une des principales raisons probables au nom classement est qu’à l’époque la famille propriétaire du Château Meyney était royaliste. Or il faut savoir que le Classement de 1855 (qui n’était pas censé perduré) établi en prévision de l’Exposition Universelle de Paris a été fait à la demande de Napoléon III. Il est donc très envisageable qu’en pleine période où la France se cherchait en matière de régime politique, un régime bonapartiste n’allait pas aider un vignoble royaliste à prospérer.
Toujours côté anecdote :
Depuis 2009, chaque année, un chêne de collection plus que tricentenaire est acheté par un tonnelier pour produire au maximum une cinquantaine de barriques d’exception. Après 3 années de sèchage une barrique leur est livrée dans chacun de leurs chais (Château Grand Puy Ducasse, Château Rayne Vigneau, Château Meyney). Le vin elevé 17 mois dans cette barrique donne lieu à une mise en bouteille spécifique d’un peu moins de 300 flacons lesquels sont assemblés dans notre coffret « Trilogy ».
Remerciements à Anne Lenaour pour son accueil
Choukroun Chicheportiche Jonathan
Château Meyney
33180 SAINT-ESTÈPHE
05 56 59 00 40
CA GRANDS CRUS
4 Quai Antoine Ferchaud
33240 Pauillac
Tél : +33 (0) 5 56 59 65 85