Le Domaine Rossignol-Trapet est un vignoble familial situé à Gevrey-Chambertin, en Bourgogne. Riche d’une histoire plusieurs fois centenaire, il exploite aujourd’hui plus de 13
hectares.
Il produit actuellement 13 cuvées différentes allant du Bourgogne générique au Gevrey-Chambertin, avec une moyenne de 55/60 000 bouteilles par an. Il s’agit de vins de propriété qui sont produits avec « 100 % de nos raisins et de nos vignobles ». À noter que la famille possède 95 % des vignes. Les 5 % restants proviennent de la culture en métayage sous contrat avec la famille depuis plus de 40 ans !
Partons ensemble à la rencontre de cette illustre famille bourguignonne.
Pourquoi avez-vous décidé de faire du vin, de devenir vigneron ?
Nicolas Rossignol : Cela remonte déjà à loin (rires) ! Je me souviens qu’à l’âge de 15 ans, lors des repas de famille avec mon grand-père, mon père… j’aimais déguster des vins avec eux. J’aimais aussi aider régulièrement la famille, que ce soit à la cave ou à la vigne… Et après mon baccalauréat, je me suis orienté vers des études d’ingénieur dans le secteur de l’agronomie et de la viticulture… Ainsi, petit à petit, une graine a germé.
Au départ, j’avais plus d’appétit pour la vigne, pour être dehors, au grand air. J’ai toujours et naturellement été attiré par la magie de la plante qui pousse au gré des saisons.
Que représente le vin pour vous ?
N. R.: Le vin, c’est une passion, c’est la convivialité et le partage. Le vin, c’est le plaisir des sens, du goût, de l’odorat… Mais il ne peut être un plaisir que s’il est partagé.
D’où vient le nom de la propriété ?
N. R. : Il vient de deux familles. Mon père Rossignol et ma mère Trapet. Mon père est né à Volnay en 1933, il vient d’une famille de neuf enfants. Ma mère est née à Gevrey d’une famille de deux enfants. Après leur mariage en 1960, mon père est venu travailler sur le domaine avec mon grand-père.
Pour Rossignol, les origines remontent au 16ème siècle à Volnay avec un vigneron. Mais c’est un nom qui vient du centre de la France, d’Auvergne. Pour continuer dans l’histoire des Trapets, mon père a travaillé pendant 30 ans sur la succession de mon grand-père. Mon oncle et mon père se sont séparés en 1990. Mon père a eu la moitié du Domaine Trapet et il a rejoint
Le Domaine Rossignol-Trapet est issu du vignoble de Beaune. Mon père avait des vignes à Beaune et nous avons des vignes à Gevrey que nous avions gardées suite à la séparation de la propriété en deux.
Quelle est la signature de vos vins ? Aveuglément, qu’est-ce qui peut nous faire les reconnaître ?
Je dirais que c’est de l’élégance et de la pureté, eh bien je l’espère! Je veux dire une notion de pureté au niveau aromatique. C’est une idée qui n’est pas facile à saisir. Mais je m’y suis attaqué en dégustant des vins d’autres régions, d’autres continents. Il y avait de superbes Pinot Noirs mais ils étaient un peu moins propres, un peu moins précis. Au Domaine Rossignol Trapet nous ne faisons que du Pinot Noir, pas de Chardonnay. Nous sommes mono-cépages. C’est évident à Gevrey mais peut-être moins à Beaune…
Quels sont les différents terroirs que vous avez et leurs forces ?
N. R. : Il y a tellement de terroirs différents! Nous avons, des sols très légers, presque sablonneux, des éboulis sur Les Combottes qui est un 1er cru au sommet des coteaux, mais nous avons aussi colluvium, gravelin Combes sur Gevrey (« tombes » pour Bordeaux). Nous avons aussi des parcelles très caillouteuses, avec des roches mais avec des sols argileux dans l’ensemble… Aussi des sols limoneux sur Chapelle avec des roches affleurantes. Nous avons la chance d’avoir une grande diversité de sols et de terroirs. Par contre, il ne faut pas oublier qu’il n’est pas très vallonné à Gevrey… il n’y a pas beaucoup de soulagement!
Au niveau de la vigne, nous avons l’idée de cultiver différemment. Nous avons arrêté le désherbage en 1995 et à la fin de 1997 nous avons commencé avec deux hectares en biodynamie jusqu’en 2004:2 hectares par an. Nous avons demandé la certification en 2005. C’était une étape importante et nous étions dans un groupe à l’époque qui était dans cette dynamique. GESTE : action de recherche sur le terrain, sur le compost..
Avez-vous une anecdote à nous raconter?
N. R. : Pendant la guerre, la route nationale devant le domaine était occupée à l’époque. Il y avait beaucoup d’officiers allemands qui passaient et s’arrêtaient pour acheter du vin, mais mon grand-père ne voulait pas les leur vendre. Mon grand-père n’avait laissé qu’une seule bougie pour allumer la cave, délibérément mal, et montrer qu’il n’avait que 4 barils dans la cave et donc qu’il ne pouvait rien vendre. Un jour ma mère, alors toute petite, est arrivée et m’a dit : mais papa c’est là (pointant l’interrupteur) la lumière ! Après cela, il a dû vendre du vin aux Allemands.
Pour compléter l’histoire, un peu plus tard et suite à la loi votée en 1942 qui stipulait que les Allemands ne pouvaient réquisitionner des vins que dans les appellations villageoises, il changea presque toutes ses vignes en 1er Cru.
Merci à la famille Rossignol-Trapet pour leur accueil chaleureux – J.C.C.
Domaine Rossignol-Trapet
4 Rue de la Petite Issue,
21220 Gevrey-Chambertin (France)
rossignol-trapet.com
