Chateau Carbonnieux
L’un des plus anciens vignobles de Pessac-Léognan
Le Château Carbonnieux est une propriété du Pessac-Léognan située sur l’une des plus belles croupes de graves de l’appellation. Le vignoble de Carbonnieux fut créé il y a plus de 20 siècles par les romains cependant les plus anciennes traces de dénomination sous le nom de “Carbonnieux” ne remontent qu’au XIIème siècle. Tant qu’au nom il proviendrait de l’une des anciennes familles propriétaires, la famille “Carbonius”.
Un acte d’échange notarié datant de 1292 stipule que la propriété fut acquise par les moines Bénédictins de l’Abbaye de Sainte-Croix (Bordeaux). Quelques siècles plus tard, en 1519 la famille De Ferron, récemment anoblie doit pour honorer son rang acquérir un grand vignoble Ils achetèrent donc Carbonnieux. Ils resteront propriétaires du Château durant plus de quatre siècles. Jean de Ferron ainsi que ses successeurs y pratiquèrent une politique d’acquisitions et de création du vignoble qui joua un rôle déterminant pour la qualité des vins. Il est à noter que les bâtiments de cette époque sont quasi identiques à ceux d’aujourd’hui.
Début 18ème, après plus de 2 siècles et demi passés à Carbonnieux la famille De Ferron endettée et quasiment ruinée revendit la propriété aux Moines Bénédictins de l’Eglise Sainte-Croix. Ces derniers héritant d’un vignoble déjà constitué, investissent massivement afin de moderniser l’outil de production du vignoble. Leur politique portant des fruits les vins de la propriété furent reconnus pour leurs qualités lors du Classement de l’Intendance de Guyenne émis en 1776.
Ils resteront propriétaires jusqu’à leur expropriation due à la Révolution Française.
Pour l’anecdote, en 1786, peu de temps avant de se faire déposséder du vignoble ils accueillirent Thomas Jefferson, future Président des Etats-Unis, qui étant ambassadeur en France et grands amoureux des vins Bordelais vint dans la région et visita de nombreuses propriétés.
Revenons à notre histoire. La propriété ayant été saisie lors du changement de régime elle fut, conformément à la loi en vigueur revendue comme “bien national” aux enchères par le tribunal de Bordeaux. Le Château Carbonnieux fut alors acquit par François Xavier Bouchereau. Monsieur Bouchereau, revenant des Antilles où il avait fait fortune, passionné de botanique et agissant surement en réaction au blocage commercial Napoléonien, tenta de transformer une partie de la propriété en plantation de coton. La culture se révéla possible mais difficile notamment à cause du climat.
Grace à un généreux mécène qui lui céda sa collection de pieds de vigne Monsieur Bouchereau créa à Carbonnieux une des plus grandes collections de l’époque regroupant prés de 1240 pieds de vignes différents et provenant du monde entier. Aujourd’hui hélas il ne reste plus aucune trace de cette exceptionnelle collection.
N’ayant pas d’héritier il transmit Carbonnieux à son responsable d’exploitation. Le château ne resta que peu de temps aux mains de ce dernier puisqu’à la fin du 19ème siècle il le revendit à trois personnes qui elles le gardèrent jusque dans les années 1920.
Le Château continuant sa valse des propriétaires il changea à nouveau de main et fut acquis par la famille Ricard-Doutylouix, négociant Bordelais qui était déjà propriétaire des châteaux Haut Bally, Marquis de Fieusal et de nombreux autres. Suite à la crise de 1929 la propriété fut vendue à un industriel bordelais qui la conservera jusqu’en 1956. Date à laquelle Marc Perrin, père d’Anthony Perrin et issu d’une famille d’origine bourguignonne (Nuits Saint-George), acquit la propriété.
Il fut rejoint en 1987 par Eric Perrin (fils d’Anthony Perrin) ainsi que par Philibert Perrin (fils d’Anthony Perrin) en 1992. Aujourd’hui les deux frères Perrin gèrent de concert la propriété.
Rencontre avec Eric Pérrin, propriétaire du Château Carbonnieux : Comment vous est venu le goût du vin ?

Eric Perrin
« J’ai acquis le gout de la vigne grâce à mon grand-père qui dès mes 6 ou 7 ans m’emmenait régulièrement me promener dans le vignoble pour assister aux vendanges, goutter aux raisins, les premiers jus…etc. Les premiers jus étant très séduisant pour un enfant j’aimais particulièrement y goutter.
J’ai toujours eu le ‘feeling’ ici, je suis né ici, grandit ici et possède donc un attachement tout particulier à cette propriété. Tout cela m’a communiqué l’envie de reprendre la propriété familiale et de perpétuer avec mon frère le travail de notre grand-père. Cependant quand je fus en âge de choisir une voie je me suis dirigé vers un BTS informatique de gestion pensant que ça me servirait par la suite. A la fin de mes études je suis partie en Napa Valley pour travailler en propriété. » (Eric Perrin)
Au niveau de la production vous et votre frère vous inscrivez-vous dans la continuité de votre père ou y a t’il eut des changements ?
« Notre père, conformément à la tendance de l’époque était plus dans une optique de maximisation des quantités produites. A ce moment-là on considérait l’œnologue comme le faiseur de vin. Le fait de prendre soin de son vignoble, de l’état de ses sols et du fait que ‘bon raisin donne bon vin’ est une notion qui ne date que des années 90′.
Aujourd’hui, sur les conseils de Denis Dubourdieu on s’est beaucoup plus accès sur le travail au vignoble ainsi qu’au chai. Cela nous permet également de simplifier le travail au chai. Par exemple nous pratiquons les vendanges vertes afin de gagner en concentration, d’être plus sur la puissance mais toujours en conservant les caractères de nos vins que sont la finesse, l’élégance et l’équilibre. » (Eric Perrin)
Que recherchez-vous chaque année en créant les vins de Carbonnieux?
« Ce que nous souhaitons avant tout c’est une continuité dans la qualité, dans le style ‘carbonnieux’. On recherche la pleine expression de nos cépages et de notre terroir afin d’avoir de la complexité dans nos vins. Par exemple on ne recherche et n’attend pas la même chose de nos sauvignons blancs qui sont sur la croupe de graves que ceux plantés sur des sols argilo-calcaires.
Concernant les rouges on recherche de la puissance, de l’équilibre, de la finesse et de l’élégance. Nos vins rouges, lorsqu’ils sont jeunes, expriment des notes torréfiées ainsi que des notes de fruits noirs (cassis, mur….). Ces aromes se retrouvent d’un millésime à un autre (constance).
Pour nos vins blancs la priorité c’est l’équilibre. On n’est pas de grands partisans du bois neufs sur le blanc on cherche donc à limiter ses apports afin de favoriser l’expression des fruits. Le boisé doit venir juste en subtilité/en habillage. Nos vins blancs se caractérisent par leur fraicheur, leurs notes mentholées qui s’expriment après oxygénation ainsi qu’aux notes d’agrumes et de pèche blanche. » (Eric Perrin)
Côté anecdote:
Au 18ieme siècle Abdul-Hamid 1er, Sultan Ottoman, épousa Aimée Dubuc de Rivery, une bordelaise amoureuse du vin blanc Carbonnieux. Alors afin de pouvoir continuer à en boire elle demanda à ce qu’on lui envoi des bouteilles mais avec écrit « Eau minérale de Carbonnieux ». Le subterfuge fonctionna parfaitement, tellement bien qu’un jour le Sultan y goutta et répliqua « Je ne sais pas pourquoi les Français cherchent à faire du vin, alors qu’ils ont une eau minérale délicieuse ».
Côté tourisme vous pourrez découvrir l’exposition permanente de vieux tacots en état de marche ou encore l’atelier « bicolore ». Atelier consistant à faire des assemblages de cépages (vous allez pouvoir créer votre vin!!) et à les déguster avec les visiteurs qui font du Château Carbonnieux un lieu incontournable de l’oeno-tourisme en Pessac-Léognan.
La propriété organise également régulièrement des soirées musicales ponctuées par une dégustation de vin.
Remerciements à Eric Perrin pour son chaleureux accueil.
Choukroun Chicheportiche Jonathan
Château Carbonnieux
Chemin de Peyssardet
33850 Léognan (France)
+33 5.57.96.56.20
merci 😉 bonne lecture